Journal de bord de mon projet documentaire sur la transmission des luttes féministes et lesbiennes en Normandie. Épisode 5. Cet article n’est pas le récit complet de mes repérages du 24 au 27 novembre 2023 à Caen. Il décrit une action militante pour Archives du féminisme.
Le 25 novembre, j’ai participé à la Marche contre les violences faites aux femmes à Caen. Cette marche était l’occasion pour moi de contribuer à la collecte d’objets menée par l’association Archives du féminisme et l’Afémuse (Association pour un Musée des Féminismes). Cette collecte vise à constituer un fonds d’archives à partir d’objets utilisés dans les manifestations féministes. Elle servira pour la première exposition temporaire organisée par l’AFéMuse ” Les femmes sont dans la rue !”. Pour en savoir plus sur la collecte, c’est par ici.
L’après-midi du 25 novembre, les associations féministes de Caen ont tenu des stands dans une maison de quartier. Un atelier était organisé pour fabriquer des pancartes en vue de la manifestation prévue le soir. Plusieurs visiteuses.rs se sont prêté.es au jeu. J’ai filmé cet atelier. J’ai expliqué ma démarche de documentaire et de collecte de pancartes aux personnes présentes l’après-midi. Deux d’entre elles se sont engagées à me donner leur pancarte après la manifestation.
Malgré un début de toux, je me suis égosillée pendant toute la manifestation chantante et revendicative pour présenter Archives du féminisme et la collecte à toutes les personnes qui tenaient des pancartes. Je leur ai donné rendez-vous en fin de parcours pour récupérer celles vouées à l’abandon ou la destruction. La démarche a suscité beaucoup d’intérêt et d’encouragements. J’ai vu quelques sourires, sans doute des personnes qui se sont demandées si j’allais réellement démarcher toute la manif. Comme je voulais en récupérer le plus possible, c’est ce que j’ai fait. Quelques-unes m’ont dit vouloir garder leur pancarte, parce qu’elle avait une valeur esthétique, sentimentale ou pour pouvoir la réutiliser dans d’autres rassemblements.
Au cours du trajet, des manifestant·es sont venu·es m’en donner, car ils/elles quittaient la marche. J’ai continué jusqu’au bout avec une, puis deux, trois et enfin quatre pancartes sous le bras. Une fois la manifestation terminée, je me suis mise à un endroit visible, avec une affichette bricolée quelques heures auparavant sur laquelle j’avais inscrit à la hâte “Je récupère vos pancartes ⇒ Archives du féminisme”. 17 personnes ont joué le jeu. J’ai de quoi constituer un mur de pancartes caennaises. Dans le contexte de la manifestation, du bruit et du mouvement, je n’ai pas pu demander aux personnes d’expliquer la fabrication de leur pancarte, le choix des slogans ni même obtenir leur prénom. Les auteurices et artistes resteront anonymes, sauf si elles se manifestent en m’écrivant. Je pense notamment à cette jeune personne qui a dessiné un superbe visage de méduse et qui a eu du mal à s’en séparer…
Je suis repartie de Caen en covoiturage. Quelle n’a pas été la surprise du conducteur et des autres passagères quand j’ai expliqué ce que contenait le gros sac poubelle qui ne devait pas être plié dans le coffre. J’avais d’abord envisagé de le prendre sur mes genoux et de voyager 3h comme cela. Je me dis parfois que je me mets dans de drôles de situations. Tout cela créé de bons souvenirs.
La démarche de collecte est assez simple. Elle est surtout très utile. Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à écrire à cette adresse : recoltefeministe@gmail.com